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Potins de politique

Sarkozy est arrivé à Rome, mais comme il n’est pas venu en compagnie de Carla Bruni, ça n’a intéressé personne. Pour les journaux italiens, le potin ne sert pas à pimenter l’actualité politique: désormais, c’est la politique qui nourrit le potin. Sarko a tout fait au pas de course, il a rencontré le pape pendant vingt-trois minutes et a réussi à lui dire que la France est laïque et catholique; si le souverain pontife l’avait voulu, il lui aurait même dit qu’elle est allemande. Puis, toujours au pas de course, il a vu Giorgio Napolitano, Romano Prodi et José Luis Zapatero et a déjeuné dans un restaurant qui n’est même pas des meilleurs. La prochaine fois, il a intérêt à changer d’agence de voyages.

Gag télévisé.
En ce moment, l’Italie raffole des potins d’espionnage, je veux parler des écoutes téléphoniques. Une conversation entre Berlusconi et le directeur de la RAI — Agostino Saccà, qui se met à plat ventre devant un Berlusconi qui se compare au pape — a d’abord été publiée dans les journaux, puis diffusée sur Internet, sur fond de rap et de musiques variées. Personne ne s’est étonné du contenu du coup de fil, dans lequel Silvio Berlusconi parle de la RAI comme d’un bordel. Désormais, c’est une habitude nauséabonde: on achète, on vend et on publie le contenu de ces écoutes comme de la marchandise pour spectacle, et non comme des preuves juridiques à manier avec précaution.
Tout est show-biz, et ceux qui se lamentent le plus sont justement ceux qui ont réduit la politique à un gag télévisé. Heureusement, l’ingéniosité nationale se rattrape dans d’autres domaines. A Naples et ailleurs, on vend des téléphones portables avec dispositif d’écoute incorporé. Vous l’offrez à votre fiancé(e) et vous pourrez surveiller tout ce qu’il dit. De la vieille jalousie dramatique à la moderne jalousie technologique.
Si, dans plusieurs domaines, nous avons des bribes de vérité grâce aux écoutes, sur certains sujets, c’est le silence total. La réforme électorale n’est pas discutée au Parlement ou au grand jour, mais en grand secret, entre Walter Veltroni et Berlusconi. Veltroni est maire de Rome, nouveau leader du Parti démocrate et surtout organisateur de méga-festivals. Il a abandonné toute idéologie pour la cinématographie: ce qui l’intéresse, ce n’est plus la différence entre droite et gauche, mais entre balcon et parterre. Il est donc l’homme idéal pour dialoguer avec Berlusconi. Mais sur ces entretiens qui concernent le droit de vote des citoyens, motus et bouche cousue.

Jérémiades.
De même, on ne sait rien des manœuvres autour de la vente d’Alitalia. C’est peut-être vous, les Français, qui finirez par l’acheter, si ce ne sont pas les Néerlandais de KLM. Toutefois, disent les conseillers Alitalia, les avions devront «conserver une certaine italianité».
Quelle forme prendra-t-elle? Une figure de proue à l’effigie de Sofia Loren? Un plateau-repas proposant des doses équitables d’edam, de roquefort et de mozzarella?
Pour finir, quelques informations sur les dépenses de Noël. En Italie, beaucoup se plaignent de ne pas boucler leurs fins de mois. Pour certains, c’est une réalité, pour d’autres, ce ne sont que jérémiades. Les magasins sont toujours pleins d’acheteurs, les voyages vers les îles tropicales tous réservés d’avance, on boira cent trente millions de bouteilles de mousseux, mais surtout, quinze millions de voitures partent en vacances, avec des réservoirs remplis de l’essence la plus chère d’Europe.

«Au secours».
La vérité, c’est qu’en Italie les vrais pauvres ne se lamentent pas, mais se décarcassent. Les autres confient, depuis les Maldives, leurs conditions de vie déplorables. Quel passe-temps pour les fêtes? Eh bien, en Italie, il y a le film incontournable, car deux ou trois films de Noël (presque toujours des supernavets) occupent 90 % des salles, et jouissent de plusieurs heures de promotion sur les chaînes télé. Ensuite il y a le ski. On a modernisé les remontées mécanique; aujourd’hui presque toutes peuvent transporter sur les cimes deux mille personnes à l’heure. Le problème est de les faire redescendre toutes ensemble: pour cela, il faudra, tôt ou tard, moderniser les services de traumatologie, dans les hôpitaux.
Les cadeaux les plus chers? Vous pouvez acheter une chaussette à 200 euros via Condotti à Rome, remplie, pourquoi pas, de 1 000 euros de truffes. Ou un sac antivol à l’arraché qui hurle «au secours» en trois langues. Mais le plus coûteux est inutile: c’est un téléphone portable et bijou en or, gravé à vos initiales, réalisé sur commande. Il vous en coûtera 50 000 euros. L’ennui, c’est que ses touches sont si petites que pour appuyer dessus il faut une souris dressée, qui en coûte 200 000. Bonnes fêtes.

(Traduit de l’italien par Marguerite Pozzoli)

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